Accès au dépistage du cancer du sein

Un accès équitable et rapide au dépistage du cancer du sein est important pour détecter les cancers du sein à un stade précoce, lorsque les chances de réussite du traitement sont meilleures.

Pourquoi est-ce important? 

Le dépistage et le traitement du cancer du sein à un stade précoce améliorent les chances de réussite du traitement. Pour certaines personnes, passer régulièrement des mammographies peut aider à détecter le cancer à un stade précoce et à réduire le risque de mourir d'un cancer du sein. Toute personne au Canada devrait avoir un accès équitable et rapide au dépistage du cancer du sein, peu importe où elle vit et qui elle est. Les programmes de dépistage ont besoin de ressources suffisantes pour garantir un accès équitable et rapide, en particulier pour les communautés mal desservies. Le dépistage du cancer dans la population doit toujours être envisagé et mis en œuvre dans le contexte des principes de dépistage de l'Organisation mondiale de la Santé.

Ce que nous revendiquons à l’heure actuelle

La Société canadienne du cancer (SCC) recommande vivement aux provinces et aux territoires d'abaisser l'âge du début des programmes de dépistage du cancer du sein à 40 ans pour les personnes présentant un risque moyen de cancer du sein et de veiller à ce que les programmes soient inclusifs, accessibles et dotés de ressources suffisantes. Cela reflète les appels à l'action lancés par les personnes atteintes d’un cancer du sein qui sont frustrées par le fait que des femmes de 40 à 49 ans ne puissent pas accéder aux programmes de dépistage du cancer du sein à cause de leur lieu de résidence, alors que de plus en plus de données probantes indiquent qu'elles devraient y avoir accès. D'après un sondage Ipsos réalisé en février 2024 à la demande de la SCC, 90 % de la population canadienne y est également favorable.

À mesure que l'accès au dépistage s'élargit, tous les gouvernements doivent investir dans la prévention, la détection précoce, le dépistage, le diagnostic et le traitement et remédier à la grave pénurie actuelle de personnel de la santé, en particulier dans les régions rurales et éloignées. Cela implique notamment de faire de nouveaux investissements afin d'abaisser l'âge du dépistage et d'augmenter la participation globale. Des approches culturellement adaptées sont nécessaires et les stratégies visant à améliorer la participation au dépistage et les expériences doivent être conçues en collaboration avec les communautés mal desservies, dont les Premières Nations, les Inuits, les Métis, les communautés racisées, rurales, éloignées et 2ELGBTQI+. 

Il est également essentiel d'améliorer les données relatives au dépistage du cancer du sein afin que les décideurs politiques et le système de santé puissent mieux surveiller la santé de la population, améliorer la qualité et la prestation des soins de santé et orienter la recherche et la pratique. La Stratégie pancanadienne de données sur le cancer et la Charte pancanadienne des données sur la santé présentent d'importantes possibilités pour améliorer les données à l'échelle du pays.
 

Notre position

Il faut mener plus d’études afin de mieux comprendre le risque de cancer du sein ainsi que le dépistage de la maladie. Les gouvernements et les bailleurs de fonds devraient investir dans des projets de recherche visant à améliorer le dépistage du cancer du sein par les moyens suivants :

  • comprendre et réduire les obstacles au dépistage du cancer du sein;

  • trouver de meilleurs moyens d’accroître la participation au dépistage;

  • améliorer la manière d’inviter les personnes à participer au dépistage, y compris par des méthodes numériques qui protègent la vie privée;

  • améliorer le dépistage précoce, le diagnostic et le traitement, en particulier pour les communautés qui sont mal desservies.

  • trouver des moyens appropriés de dépister le cancer du sein chez les personnes qui présentent un risque accru ou élevé de la maladie;

  • améliorer la façon de prévoir le risque individuel de cancer du sein et trouver de meilleurs moyens de dépister la maladie en fonction du niveau de risque de chaque personne (aussi appelé dépistage basé sur le risque);

  • trouver des moyens novateurs de détecter le cancer du sein tôt; 

Les données sont essentielles pour exercer la surveillance de la santé d’une population, améliorer la qualité et la prestation des soins de santé, et éclairer la recherche et la pratique. On trouve d’importantes avenues en ce sens dans la stratégie pancanadienne de données sur le cancer (notamment la collecte de données raciales) ainsi que dans la Charte pancanadienne des données sur la santé. Le gouvernement fédéral devrait travailler de concert avec les provinces, les territoires et les autres entités qui recueillent et utilisent des données afin de :

  • déterminer les secteurs où il est possible d’améliorer les données sur le dépistage du cancer du sein;
  • recueillir des données qui combleront les lacunes en matière de dépistage du cancer du sein, notamment par la collecte de données raciales dans tout le continuum des actions contre le cancer;
  • créer un système de surveillance du dépistage du cancer du sein permettant de recueillir des données sur le risque, le dépistage et les résultats du dépistage;
  • relier les bases de données en vue de surveiller le dépistage du cancer du sein au Canada, de l’évaluer et d’en faire rapport;
  • recueillir des données afin d’obtenir davantage d’éléments probants sur le dépistage supplémentaire lié à la densité mammaire, et partager les résultats pour aider d’autres administrations qui envisagent le dépistage supplémentaire.

La Société canadienne du cancer demande au gouvernement fédéral d’élaborer des lignes directrices pour le dépistage du cancer du sein chez les personnes qui présentent un risque accru ou élevé de développer la maladie. Ces lignes directrices devraient :

  • définir clairement quelles sont les personnes qui présentent un risque faible, moyen, accru, élevé et très élevé de cancer du sein;
  • fournir des lignes directrices claires sur la manière de faire du dépistage auprès des personnes dont le risque de cancer du sein est accru ou élevé, notamment par des mammographies à intervalles plus rapprochés ou par le recours à d’autres technologies d’imagerie, comme l’IRM, l’échographie et la tomosynthèse;
  • recommander des outils qui permettent d’établir les niveaux de risque et qui sont faciles d’accès et d’utilisation;
  • encourager les professionnels de la santé à discuter des avantages et des limites du dépistage avec les personnes concernées tout en tenant compte de leurs valeurs et de leurs préférences afin de faciliter la prise de décisions à propos du dépistage, et soutenir les professionnels de la santé dans ce processus;
  • comporter un plan afin de garantir que les lignes directrices sont communiquées aux professionnels de la santé et aux personnes admissibles au dépistage du cancer du sein.

Les provinces et les territoires ont la responsabilité de revoir et d’actualiser les lignes directrices de pratique clinique de leur programme de dépistage du cancer du sein, notamment l’âge pour le début et la fin du dépistage. La Société canadienne du cancer demande aux provinces et aux territoires de :

  • revoir et d’actualiser leurs lignes directrices en matière de dépistage, de sorte qu’elles soient en phase avec les études les plus récentes et l’évolution de l’environnement des soins de santé;
  • mettre en route des programmes organisés de dépistage du cancer du sein à partir de 40 ans pour les femmes ainsi que les personnes trans, non binaires et de diverses identités de genre (s’il y a lieu) présentant un risque moyen;
  • permettre l’accès direct au dépistage du cancer du sein à partir de 40 ans, sans avoir besoin de la recommandation de professionnels de la santé;
  • permettre aux femmes ainsi qu’aux personnes trans, non binaires et de diverses identités de genre (s’il y a lieu) qui ont 75 ans ou plus de poursuivre le dépistage du cancer du sein, si cela est opportun sur le plan clinique.

Les provinces et les territoires ont la responsabilité de comprendre leurs populations et d’adapter les programmes de dépistage du cancer du sein à leurs besoins. La Société canadienne du cancer demande aux provinces et aux territoires de voir à :

  • fournir l’accès à un professionnel/une professionnelle de la santé dans le cadre des programmes de dépistage pour aider les personnes concernées à comprendre les avantages et les limites du dépistage et à discuter de leur santé globale, de leur risque personnel, de leurs valeurs et de leurs préférences;
  • élaborer des recommandations de dépistage ainsi que des programmes ou des protocoles pour les personnes qui présentent un risque élevé de cancer du sein;
  • permettre l’accès direct pour les personnes qui ont fait l’objet d’une évaluation du risque de cancer du sein et qui présentent un risque élevé de la maladie;
  • mettre en œuvre la notification de la densité mammaire dans les régions où elle est absente (Québec et Territoires du Nord-Ouest) et étendre l’envoi de notifications de manière à inclure toutes les catégories de densité mammaire en Saskatchewan, en les accompagnant d’indications claires sur les mesures à prendre en fonction du niveau de densité, de sorte que les personnes concernées puissent discuter de leur risque et envisager un dépistage supplémentaire;
  • soutenir des projets pilotes de dépistage supplémentaire et surveiller les résultats pour évaluer leur capacité à détecter le cancer du sein de façon précoce – le dépistage supplémentaire peut faire appel à l’IRM, à l’échographie, à la tomosynthèse et à la mammographie de contraste pour les personnes ayant des seins denses;
  • soutenir les professionnels de la santé dans le processus de discussion des avantages et des limites du dépistage avec les personnes concernées, compte tenu de leurs valeurs et de leurs préférences, afin de faciliter la prise de décisions à propos du dépistage supplémentaire;
  • impliquer les personnes concernées, en particulier celles qui proviennent de communautés mal desservies, lors de l’élaboration de lignes directrices afin d’éliminer les obstacles et de fournir des soins plus respectueux des valeurs culturelles;
  • évaluer les outils et les méthodes de détection précoce en émergence, dont la tomosynthèse et l’intelligence artificielle;
  • investir dans des ressources de dépistage additionnelles et dans l’accroissement de la capacité du réseau pour permettre d’abaisser l’âge du dépistage, accroître la participation globale et garantir un accès libre d’obstacles à toutes les personnes admissibles.

Les provinces et les territoires doivent travailler de concert avec les professionnels de la santé et les organismes de santé pour sensibiliser la population au risque de cancer du sein et au dépistage précoce. La Société canadienne du cancer demande aux provinces et aux territoires de :

  • joindre la population en vue du dépistage à partir de 40 ans au moyen de différentes méthodes comme l’envoi de lettres directement aux personnes concernées ou d’autres moyens privilégiés par une communauté en particulier;
  • faire parvenir des lettres par la poste pour rappeler la fréquence des examens de dépistage aux personnes y ayant déjà participé;
  • fournir des solutions pour avoir accès à des professionnels de la santé dans le cadre des programmes de dépistage et offrir du soutien aux personnes n’ayant pas de professionnels de la santé attitrés (p. ex. discuter de la participation au dépistage, s’assurer que les personnes ont reçu leurs résultats et effectuer un suivi);
  • aviser à la fois les personnes dépistées et les professionnels de la santé des résultats du dépistage et des recommandations de suivi, en temps utile, et s’assurer que les personnes dépistées ont les coordonnées d’une personne-ressource à leur centre de dépistage au cas où elles n’auraient pas reçu leurs résultats dans le délai prévu;
  • fournir des renseignements complets et faciles à comprendre sur les avantages et les limites du dépistage au moyen de chiffres, d’infographies et de textes en langage clair, en adaptant le matériel en fonction des différents groupes et en l’offrant en différentes langues et en différents formats;
  • procurer aux professionnels de la santé des outils et des ressources facilitant la discussion avec les personnes concernées à propos du risque de cancer du sein et du dépistage de la maladie.

Les communautés qui sont mal desservies sont confrontées à des obstacles lorsque vient le temps d’accéder et de participer au dépistage du cancer du sein. La Société canadienne du cancer demande aux provinces et aux territoires de :

  • mettre en œuvre des approches de dépistage du cancer du sein qui sont respectueuses des valeurs culturelles et qui répondent aux besoins des personnes ayant vécu des traumatismes;
  • concevoir des stratégies, conjointement avec les communautés, pour améliorer la sensibilisation, la participation et les expériences des personnes de ces communautés, y compris les suivantes sans s’y limiter : Premières Nations, Inuits, Métis, communautés racialisées, communautés rurales, communautés éloignées et communautés 2ELGBTQI+ – cela peut inclure l’exploration de moyens novateurs pour joindre les communautés, comme la mammographie mobile ou l’accompagnement au dépistage.

Les professionnels de la santé jouent un rôle crucial pour élargir l’accès et accroître la participation au dépistage du cancer du sein. La Société canadienne du cancer demande aux provinces et aux territoires ce qui suit :

  • évaluer le nombre de technologues en mammographie, de radiologistes et d’employés de soutien en radiologie nécessaires à la prestation des programmes existants et à leur croissance – selon les résultats, cela pourrait impliquer l’augmentation du nombre de personnes admises dans les programmes universitaires et collégiaux de même qu’une augmentation des postes de stagiaire;
  • faire en sorte que les ressources humaines affectées au dépistage du cancer du sein reflètent la diversité de la population desservie;
  • s’assurer que les radiologistes respectent les exigences particulières en vue d’améliorer leur rendement (p. ex. fixer un nombre minimum de mammographies à analyser chaque année, garantir la participation à des programmes de mentorat et offrir des possibilités de formation continue);
  • veiller à ce que les installations de dépistage soient accréditées par le Programme d’agrément en mammographie de l’Association canadienne des radiologistes (PAM-CAR) ou par l’organisme provincial ou territorial approprié afin d’assurer le respect de normes minimales en matière d’imagerie.