Infection

Une infection apparaît quand des organismes nuisibles, comme des bactéries ou des virus, entrent dans le corps et que le système immunitaire est incapable de les détruire. Le système immunitaire est le mécanisme de défense naturel du corps contre les infections et les maladies. Les autres mécanismes de défense naturels du corps, comme la peau, aident également à vous protéger contre les infections.

Les infections sont courantes chez les personnes qui reçoivent un traitement pour un cancer puisqu’il réduit le nombre de globules blancs (GB). Les GB sont une composante importante du système immunitaire et ils jouent un rôle clé dans la défense du corps contre les virus et les bactéries.

Le risque d’infection est plus grand quand le nombre de GB, en particulier les neutrophiles, est bas. Les neutrophiles sont un type de GB qui entourent et détruisent les bactéries. Les personnes traitées pour un cancer sont les plus vulnérables aux infections à un moment spécifique du cycle de traitement alors que le nombre de neutrophiles est très bas. Quand le nombre de neutrophiles est bas, on parle alors de neutropénie. Ce ne sont pas toutes les personnes traitées pour un cancer qui feront de la neutropénie, mais c’est le cas pour beaucoup d’entre elles. La neutropénie apparaît si un trop grand nombre de neutrophiles sont détruits avant que la moelle osseuse ne puisse les remplacer. La neutropénie se manifeste habituellement de 10 à 14 jours après une chimiothérapie.

Une fois que le nombre de GB a chuté, il reste bas pendant une semaine ou plus. Quand le nombre de cellules sanguines a atteint son plus bas niveau et que la résistance du corps aux infections est alors la plus faible, on parle de nadir. Lors du nadir, il est important de faire tout son possible pour réduire les risques d'infection et de demander immédiatement à être traité si on croit qu’on a attrapé une infection.

Les infections peuvent être très graves chez les personnes atteintes de cancer. La présence d'une infection peut signifier une hospitalisation, des retards dans le traitement, des complications graves et des soins supplémentaires. La pneumonie et la varicelle sont 2 infections graves pour les personnes traitées pour un cancer. Les infections affectent plus souvent les enfants atteints de cancer.

Causes

Les infections peuvent être causées par de nombreux facteurs différents, dont ceux qui suivent.

Certains types de cancers

Certains cancers, comme la leucémie, le myélome multiple et le lymphome, prennent naissance dans les cellules du système immunitaire. Ils peuvent affecter la moelle osseuse en l'empêchant de fabriquer suffisamment de GB sains. Les cancers qui se propagent (métastases) aux os et à la moelle osseuse peuvent réduire le nombre de globules blancs, de globules rouges et de plaquettes dans le sang. Les cancers du sein et de la prostate sont des exemples de cancers qui se propagent aux os et à la moelle osseuse.

Chirurgies et interventions médicales

Les chirurgies et autres interventions médicales percent la peau ou les muqueuses, ce qui risque de faire entrer des organismes dans le corps. Un cathéter veineux central à demeure est un tube qu’on insère dans une veine du cou, de l’aine ou du thorax et qu’on laisse en place pendant un certain temps. Il permet d’administrer une chimiothérapie, des produits sanguins ainsi que des liquides et des médicaments intraveineux. Il peut aussi être une porte d’entrée dans le corps pour des organismes nuisibles. La sonde urinaire et la sonde d’alimentation risquent aussi de laisser entrer des organismes nuisibles dans le corps.

La chirurgie lors de laquelle on enlève la rate est appelée splénectomie. On y a recours pour traiter certains types de cancers. Elle risque de réduire la résistance à l’infection puisque la rate est une composante importante du système immunitaire.

Chimiothérapie

La chimiothérapie peut causer l'aplasie médullaire. C’est un trouble caractérisé par une production insuffisante de cellules saines, dont les GB, par la moelle osseuse. Certains agents chimiothérapeutiques ont plus d’effet que d'autres sur la moelle osseuse et le système immunitaire.

Radiothérapie

La radiothérapie peut affecter la moelle osseuse et réduire le nombre de GB. C'est particulièrement vrai si une grande quantité de moelle osseuse se trouve dans la région traitée, comme les os du bassin. Traiter une grande partie du squelette par radiothérapie, comme dans le cas de l’irradiation corporelle totale, peut aussi affecter la moelle osseuse. La radiothérapie risque aussi davantage d’affecter la moelle osseuse si vous recevez une chimiothérapie en même temps qu'une radiothérapie.

Greffe de cellules souches

Lors d'une greffe de cellules souches, on a recours à la chimiothérapie ou à la radiothérapie à forte dose, ou bien aux deux, pour détruire les cellules cancéreuses ainsi que les cellules de la moelle osseuse afin de faire de la place pour les nouvelles cellules souches. La greffe de cellules souches réduit le nombre de globules blancs pendant un certain temps avant que les nouvelles cellules sanguines commencent à se développer.

Lors d’une allogreffe de cellules souches, on utilise les cellules souches d’un donneur. La personne qui reçoit une allogreffe risque d'être affectée d'un problème appelé réaction du greffon contre l'hôte (GVH). On peut lui administrer des médicaments qui inhibent son système immunitaire afin de prévenir et de traiter la GVH. Ces médicaments font également augmenter le risque d'infection.

Corticostéroïdes

Les corticostéroïdes sont des médicaments qui agissent comme des anti-inflammatoires en atténuant l’enflure et la réaction immunitaire du corps. On peut y avoir recours dans le cadre du traitement du cancer ou pour aider à réduire la douleur et l'enflure associées au cancer. Les corticostéroïdes peuvent inhiber le système immunitaire mais risquent de camoufler les signes et symptômes d'une infection.

État général de santé

Le cancer ou son traitement mène parfois à la malnutrition. Ils peuvent aussi engendrer une perte de sommeil, du stress, une mauvaise alimentation et d’autres effets secondaires. Ces effets sur votre santé risquent d’affaiblir votre système immunitaire et d’accroître votre risque d’infection.

Diagnostic

Votre médecin essaiera de trouver la cause de l’infection. Il peut donc vous poser des questions sur vos antécédents médicaux et vous faire passer un examen physique à la recherche de signes d’infection.

Vous pourriez aussi devoir passer les tests suivants:

  • analyses sanguines, comme une formule sanguine complète (FSC) ou une hémoculture
  • analyse d’urine ou culture d’urine pour savoir s’il y a une infection urinaire
  • cultures des lésions buccales, de la peau ou des plaies ainsi que de la région entourant les accès intraveineux et les dispositifs d'accès vasculaire pour savoir si ce sont des sources d'infection
  • radiographie pulmonaire ou prélèvement des expectorations pour savoir s'il y a une pneumonie
  • prélèvements de selles, si vous avez la diarrhée, pour savoir s’il y a une infection du tube digestif
  • autres examens d'imagerie pour savoir s'il y a des poches d'infection ou des abcès

La FSC permet de vérifier le taux des différents types de cellules sanguines. Un taux élevé de globules blancs (GB) peut indiquer une infection. Chez les personnes traitées par chimiothérapie, le taux de GB peut être bas et ne pas révéler quand une infection est présente. On peut faire des hémocultures pour vérifier si un organisme cause une infection dans le sang.

On fait des cultures pour identifier l'organisme qui cause l'infection. On met des prélèvements du foyer d'infection sur un gel spécial ou dans un bouillon pour savoir quels organismes s'y développent. Lors d'une épreuve de sensibilité, on met des prélèvements de divers antibiotiques sur les organismes pour aider à identifier quel antibiotique serait le plus efficace. L'ensemble de ces tests porte le nom de culture et sensibilité.

Lors de la coloration de Gram, on fait des prélèvements du foyer soupçonné d'infection. On les traite avec certains colorants qui rendent la bactérie plus facile à voir. Puis on les observe au microscope. La coloration de Gram peut fournir des renseignements sur le type d'organisme. De 24 à 48 heures peuvent être nécessaires avant d’obtenir les résultats des tests.

Types d’infections

Une infection peut être causée par de nombreux types de micro-organismes comme les bactéries, les virus, les champignons et les protozoaires. Certains de ces micro-organismes vivent normalement sur la peau ou bien dans la bouche ou l’intestin. Ces micro-organismes ne causent habituellement pas de problèmes chez les personnes dont le système immunitaire est normal. Mais quand le système immunitaire ne fonctionne pas aussi bien à cause du cancer ou de son traitement, ces micro-organismes se voient offrir la possibilité de se multiplier. On parle alors d'infections opportunistes, et elles peuvent être graves.

Infections bactériennes

La bactérie est le type le plus courant d'organisme causant des infections chez les personnes atteintes de cancer. De nombreuses bactéries vivent sur et dans notre corps. Elles sont appelées flore normale. Ces bactéries ne causent habituellement pas d'infections. Mais elles peuvent engendrer des problèmes, dont une infection grave, quand le nombre de globules blancs est bas et que le système immunitaire est faible.

Infections virales

Les virus causent des infections comme le rhume. Certains virus peuvent provoquer des infections graves chez les personnes dont le nombre de GB est très bas. Les virus sont difficiles à identifier et on ne peut pas les traiter avec des antibiotiques.

Infections fongiques

Les champignons peuvent causer des problèmes aux personnes dont le système immunitaire est affaibli. L'infection à champignons la plus courante chez les personnes atteintes de cancer est le muguet, ou candidose. Le muguet est une infection de la bouche causée par le champignon Candida. Candida peut aussi se développer dans le vagin d'une femme et causer la candidose vaginale, ou infection à levures.

Infections protozoaires

Les protozoaires peuvent causer des infections graves chez les personnes dont le système immunitaire a été affaibli par une greffe d'organe, un cancer ou une autre maladie immunosuppressive. La toxoplasmose est une infection protozoaire grave qui risque d'endommager le cerveau ou le cœur.

Foyers d’infection

Les infections peuvent affecter presque n'importe quelle partie du corps. Elles se développent le plus souvent aux endroits suivants :

  • peau
  • muqueuses
  • appareil respiratoire, comme les sinus et les poumons
  • sang
  • appareil urinaire, comme la vessie et les reins
  • tube digestif, comme la bouche, l'estomac et l'intestin
  • système nerveux, comme le cerveau et la moelle épinière

Les bactéries, les virus et les champignons peuvent causer des infections de la peau. Ils peuvent aussi déclencher une infection grave des voies respiratoires appelée pneumonie.

Les traitements du cancer peuvent causer des changements dans les muqueuses du tube digestif qui risquent de mener à l’infection. Ces changements peuvent aussi servir de point d’entrée aux micro-organismes vivants dans le tube digestif qui se propageront dans tout le corps. Les lésions buccales peuvent devenir infectées par une levure ou le virus de l’herpès simplex. Les personnes atteintes de cancer risquent également davantage d’attraper des infections bactériennes abdominales, comme l’infection au Clostridium difficile (C. difficile).

Symptômes

Les symptômes de l’infection peuvent varier. Faire de la fièvre (température supérieure à 38 oC) est le signe d’infection le plus courant. Mais certaines personnes ayant une infection peuvent ne pas faire de fièvre.

Voici d’autres symptômes d’infection:

  • frissons ou tremblements
  • transpiration inhabituelle
  • lésions dans la bouche ou plaques blanches épaisses dans la bouche
  • ampoules sur les lèvres ou la peau
  • rougeur, chaleur, enflure ou inconfort au niveau d'une plaie, d'une incision chirurgicale ou d'une région entourant une ligne intraveineuse ou un dispositif d'accès vasculaire
  • mal de gorge
  • toux produisant parfois du mucus
  • essoufflement ou respiration rapide
  • urines fréquentes et douloureuses
  • diarrhées
  • douleur abdominale
  • vomissements
  • démangeaisons ou écoulements vaginaux inhabituels
  • étourdissements ou sensation d’avoir la tête légère
  • somnolence plus grande
  • irritabilité
  • faiblesse, dont être trop fatigué pour manger, boire ou faire des activités normales
  • douleur ou pression sinusale
  • mal d’oreille ou de tête ou raideur du cou

Prévention des infections

Un antibiotique est un médicament qui combat les infections bactériennes. Un médicament antiviral combat les virus et un antifongique combat les champignons. Ces médicaments peuvent être prescrits si le nombre de globules blancs (GB) devient trop bas et si l’équipe de soins considère que le risque d’infection est élevé. L’administration de médicaments pour prévenir une infection est appelée prophylaxie. Les antibiotiques et autres médicaments contre les infections peuvent être administrés par la bouche (voie orale) ou par intraveineuse.

Dans certains cas, on peut prescrire des facteurs de stimulation des colonies (FSC). Ces médicaments incitent la moelle osseuse à fabriquer plus de cellules sanguines.

Vous pouvez entreprendre les démarches suivantes pour aider à réduire votre risque d’attraper une infection.

Ayez une bonne hygiène personnelle

C'est l'une des meilleures façons d'éviter les infections. Lavez-vous souvent les mains avec de l'eau et du savon. Ayez toujours sur vous une bouteille de désinfectant pour les mains afin de les nettoyer si vous n'avez pas accès à un lavabo. Lavez-vous toujours les mains avant de préparer des aliments. Les membres de la famille devraient toujours laver leurs mains au retour de l'école, du bureau ou du magasin.

Prenez chaque jour une douche, un bain ou un bain à l'éponge pour réduire la quantité de bactéries sur votre peau. Utilisez un rasoir électrique plutôt qu'un rasoir à lames pour éviter d’écorcher ou de couper la peau.

Surveillez attentivement votre bouche, la région anale, le site de la biopsie ou de la chirurgie et une blessure, comme une coupure sur la peau (en particulier à un doigt ou à un orteil), pour savoir s’il n’y a pas de signe d’infection. Nettoyez doucement mais à fond la région anale après chaque selle.

Évitez tout contact avec les selles et l'urine des animaux, qu'ils soient domestiques ou non. Vous pouvez jouer avec un animal, mais une personne atteinte de cancer ne devrait pas le toiletter, vider sa litière ou nettoyer sa cage.

Protégez votre peau

Protégez votre peau des coupures et des égratignures. Nettoyez tout de suite les coupures avec du savon et de l'eau et gardez-les propres. Appliquez un bandage sur une coupure ou une égratignure les premiers jours afin de la garder propre.

Protégez vos mains et vos pieds des coupures et des blessures. Portez des gants si vous jardinez ou travaillez la terre puisque la terre et les plantes contiennent souvent des bactéries. Portez toujours des chaussures ou des pantoufles pour éviter les coupures et les ecchymoses. Il ne faut pas couper, arracher avec ses dents ou déchirer ses cuticules. Appliquez une lotion et un hydratant sur votre peau pour l’empêcher de sécher, de gercer et de fendre.

Il ne faut ni pincer ni gratter ses boutons. Utilisez un écran solaire, portez un chapeau ou une écharpe et tenez-vous à l'ombre pour éviter les coups de soleil. Ne jouez pas et ne vous baignez pas dans un étang, un lac ou une rivière.

Maintenez un bon état général de santé

Quand c’est possible, reposez-vous suffisamment, ayez une alimentation équilibrée, buvez beaucoup de liquides et faites de l’exercice régulièrement.

Si le nombre de vos globules blancs est bas, prenez les mesures nécessaires pour vos protéger. Restez loin des personnes qui présentent des signes d’infection comme la fièvre, la toux, les éternuements, le mal de gorge ou une éruption cutanée. Évitez les foules à l’intérieur. Si nécessaire, n’allez pas à l’école ou au bureau. Ne prenez pas rendez-vous pour une intervention dentaire ou un nettoyage de dents. Avisez votre équipe de soins si vous avez été en contact avec quelqu’un qui pourrait avoir ou qui a la varicelle, la rougeole ou les oreillons.

Voyez à la salubrité des aliments

Suivez les lignes directrices sur la salubrité des aliments afin de réduire le risque de contamination alimentaire. Lavez bien les fruits et légumes crus avant de les manger. Ne mangez pas de poisson, de fruits de mer, de viande, de volaille ou d’œufs crus ou pas assez cuits puisqu’ils peuvent contenir des bactéries susceptibles de causer des infections. Ne consommez pas d’aliments ou de boissons moisis, pourris ou dont la date de péremption est passée.

Ne prêtez pas certains articles comme les cuillères, les fourchettes, les verres, les thermomètres et les brosses à dents. Essuyez le couvercle des boîtes de conserve et des pots avant de les ouvrir afin de réduire le risque de contamination bactérienne.

Si l'eau du robinet vous préoccupe, par exemple si votre eau provient d'un puits, utilisez de l'eau en bouteille pendant votre traitement ou pensez à acheter un filtre pour le robinet.

Ayez une bonne hygiène bucco-dentaire

Prenez bien soin de votre bouche et de vos dents 4 fois par jour. Utilisez une brosse à dents à poils très souples qui ne blessera pas vos gencives. Remplacez-la aux 3 mois afin de réduire le risque d’infection buccale. Procurez-vous une autre brosse à dents après avoir traité une infection de la bouche.

Vérifiez toutes les surfaces de votre bouche chaque jour pour savoir s'il n'y a pas de lésions. Votre équipe de soins peut vous recommander d’utiliser un rince-bouche pendant la chimiothérapie afin de détruire les bactéries.

Planifiez les examens et les interventions chez le dentiste quand vos taux de cellules sanguines sont normaux afin qu'il y ait moins de risque d'infection. Consultez le dentiste régulièrement puisque les soins de la bouche et des dents sont très importants. Demandez-lui si vous pouvez utiliser la soie dentaire.

Utilisez et prenez soin adéquatement des dispositifs médicaux

Si vous avez un cathéter, suivez attentivement les directives sur les soins à y apporter et lavez toujours vos mains avant de le manipuler.

Suivez les directives sur les soins à apporter à un dispositif d'accès veineux, comme un cathéter veineux central ou un cathéter central inséré par voie périphérique (CCIP).

Évitez d'utiliser un thermomètre rectal et des suppositoires et de vous faire des lavements. Ils peuvent accroître le risque d'infection en introduisant des bactéries par de minuscules déchirures dans l'anus ou le rectum. Évitez d'être constipé puisque lorsqu'on force pour évacuer les selles, de petites déchirures peuvent apparaître dans l'anus.

Posez des questions sur les vaccins

Renseignez-vous auprès de votre équipe de soins sur l’immunisation (vaccination). Selon le traitement que vous recevez, certains vaccins pourraient être à éviter alors que d’autres seraient bons à recevoir. En général, on peut administrer sans danger des vaccins « morts », comme ceux contre la grippe, la pneumonie, l’hépatite et le tétanos. Certains vaccins « vivants », comme ceux contre la rougeole et les oreillons, peuvent être dangereux.

Traitement des infections

Vous pouvez tomber malade très rapidement si vous avez une infection alors que le nombre de vos globules blancs est bas, même si vous vous sentez encore bien. Une infection accompagnée de fièvre et de neutropénie est appelée fièvre neutropénique. C’est une urgence médicale chez les personnes atteintes de cancer qui nécessite une attention et un traitement immédiats. Les infections peuvent mettre la vie en danger si elles engendrent un état appelé choc septique.

Si vous suivez une chimiothérapie, votre équipe de soins vous recommandera probablement de vous rendre à l’urgence la plus proche si vous faites 38 oC de fièvre.

Administration d’antibiotiques pour traiter l’infection

Si vous développez une infection alors que votre taux de GB est bas, votre médecin vous fera passer des tests. Des hémocultures pourraient en faire partie dans le but d’essayer d’identifier l’organisme qui cause l’infection. Votre médecin vous fera probablement prendre un antibiotique à large spectre avant d’obtenir les résultats des tests puisque les infections peuvent se propager rapidement. Les antibiotiques à large spectre sont dirigés directement contre de nombreux organismes qui pourraient causer l'infection. Une fois qu'on a identifié la cause de l'infection, on peut changer d'antibiotique s'il y en a un qui traite spécifiquement l'organisme en question.

Votre médecin choisit l'antibiotique selon vos antécédents, vos symptômes, vos allergies, votre usage récent d'antibiotiques et les résultats de vos tests. Pour la plupart des infections, le traitement à base d'antibiotiques se poursuivra de 7 à 14 jours. Le traitement dépend de l’organisme qui cause l’infection, de votre état de santé global et de votre réaction au traitement. On a recours à différents médicaments pour traiter différents types d'organismes. On peut parler d’antibiotiques, de médicaments antiviraux, d’antifongiques ou d'autres médicaments.

Si l'infection ne réagit pas après 3 à 5 jours de traitement, l'équipe de soins pourrait décider d'ajouter d'autres médicaments ou de les changer.

Les médecins essaient de ne pas abuser des antibiotiques puisque certaines bactéries peuvent y devenir résistantes. Quand c’est le cas, ces bactéries ne sont pas détruites par l'antibiotique déjà employé qui était auparavant efficace. On parle alors de résistance aux antibiotiques.

Traitement de la fièvre

Une fièvre supérieure à 38 °C est le signe d'infection le plus courant. La fièvre est le moyen qu'a trouvé le corps de se protéger. Lorsque des substances étrangères comme des germes entrent dans le corps, ce dernier libère des substances appelées cytokines afin d'accroître sa température et de faire fonctionner le système immunitaire plus efficacement.

L’air à la surface du corps se rafraîchit au fur et à mesure que la température corporelle augmente, ce qui fait frissonner. Les frissons apparaissent quand les muscles se contractent pour produire plus de chaleur. Quand la température corporelle augmente, cela déclenche la fièvre. Vous pouvez aider à réduire la fièvre en prenant de l'acétaminophène (Tylenol) et en aidant votre corps à se débarrasser de la chaleur. Prévenir et corriger la déshydratation peut aussi faire baisser la fièvre.

L'acétaminophène ne traite pas la cause de la fièvre mais aide à réduire la température et vous rend plus confortable. Prenez de l'acétaminophène seulement si votre médecin vous y autorise. Les médicaments peuvent masquer la fièvre, et il est important que l'équipe de soins sache que vous faites de la fièvre et qu'elle traite l'infection qui la cause.

Ne prenez pas d'acide acétylsalicylique (ASA, Aspirine, salicylate) ni d'ibuprofène (Advil, Motrin) puisque ces médicaments favorisent les saignements, en particulier dans le tube digestif. Une personne qui reçoit une chimiothérapie risque davantage d'avoir des saignements. Prenez les autres médicaments pour la fièvre ou l'infection qui sont prescrits par le médecin.

Pour vous aider à éviter d’avoir chaud, mettez des vêtements légers qui permettent à l'air de se rendre jusqu'à votre peau et qui n'emprisonnent pas la chaleur de votre corps. Couvrez-vous d'un drap léger et mettez une débarbouillette d'eau fraîche sur votre front pour être plus à l’aise. Buvez des liquides frais à chaque heure pour prévenir la déshydratation. Changez vos vêtements et vos draps s'ils sont humides pour éviter d'avoir des frissons.

Traitement des grands frissons

Les grands frissons sont aussi appelés frissons solennels. Ils se manifestent quand le corps tremble parce qu'il a froid. Ils ressemblent aux frissons éprouvés quand on fait une infection et de la fièvre, mais ils sont beaucoup plus intenses. Vous pouvez avoir de grands frissons à cause d'une très mauvaise infection, de certains médicaments et parfois lors d'une transfusion sanguine.

Avisez immédiatement votre équipe de soins si vous avez de grands frissons. Essayez de vous détendre, de respirer profondément et de vous concentrer sur la disparition des frissons. Restez au chaud en vous couvrant d'une couverture, d’un chandail et de bouillottes. Quand les grands frissons cessent, vous pouvez avoir très chaud. Mettez alors des débarbouillettes d’eau fraîche sur votre front et votre cou pour être plus confortable.

Révision par les experts et références

  • Stem cell transplant. American Cancer Society. American Cancer Society (ACS). Atlanta, GA: American Cancer Society; 2012.
  • Understanding chemotherapy: a guide for patients and families. American Cancer Society. American Cancer Society. American Cancer Society; 2013.
  • Infection. American Society of Clinical Oncology (ASCO). Cancer.Net. Alexandria, VA.: American Society of Clinical Oncology (ASCO); 2009.
  • BC Cancer Agency. Patient/Public Info: Neutropenia. Vancouver: BC Cancer Agency; 2006.
  • Camp-Sorrell, D . Chemotherapy toxicities and management. Yarbro, CH, Wujcki D, & Holmes Gobel B. (eds.). Cancer Nursing: Principles and Practice. 7th ed. Sudbury, MA: Jones and Bartlett; 2011: 17: pp. 458-503.
  • Hockenberry MJ, Kline NE . Nursing support of the child with cancer. Pizzo, P. A. & Poplack, D. G. (Eds.). Principles and Practice of Pediatric Oncology. 6th ed. Philadelphia: Lippincott Williams & Wilkins; 2011: 43:1288-1304.
  • Hospital for Sick Children. AboutKidsHealth: Side Effects of Chemotherapy. Toronto, ON: Hospital for Sick Children; 2009.
  • Kline, Nancy E. . Prevention and Treatment of Infections. Baggott, C. R., Kelly, K. P., Fochtman, D. et al. Nursing Care of Children and Adolescents with Cancer. 3rd ed. Philadelphia, PA: W. B. Saunders Company; 2002: 10:26-277.
  • Panzarella C, Rasco-Baggott C, Comeau, M., et al . Management of disease and treatment-related complications. Baggott, C. R., Kelly, K. P., Fochtman, D. et al. Nursing Care of Children and Adolescents with Cancer. 3rd ed. Philadelphia, PA: W. B. Saunders Company; 2002: 11:279-319.
  • Shelton BK . Infection. Yarbro, CH, Wujcki D, & Holmes Gobel B. (eds.). Cancer Nursing: Principles and Practice. 7th ed. Sudbury, MA: Jones and Bartlett; 2011: Chapter 28: pp: 713-744.
  • Wujcik, D . Infection. Yarbro, C. H., Frogge, M. H. & Goodman, M. Cancer Symptom Management. 3rd ed. Sudbury: Jones and Bartlett Publishers; 2004: 14: pp. 252-275.

Non-responsabilité médicale

L'information fournie par la Société canadienne du cancer ne saurait remplacer le lien qui vous unit à votre médecin. Nos renseignements sont d’ordre général; avant de prendre toute décision de nature médicale ou si vous avez des questions concernant votre état de santé personnel, assurez-vous de parler à un professionnel de la santé qualifié.

Nous faisons le maximum pour que les renseignements que nous diffusons soient toujours exacts et fiables, mais nous ne pouvons garantir leur exhaustivité, pas plus que l’absence totale d’erreur.

La Société canadienne du cancer n’assume aucune responsabilité quant à la qualité des renseignements ou des services offerts par d'autres organismes mentionnés sur cancer.ca, pas plus qu’elle ne cautionne un service, un produit, un traitement ou une thérapie en particulier. 


1-888-939-3333 | cancer.ca | © 2024 Canadian Cancer Society