Syndromes myélodysplasiques

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Les syndromes myélodysplasiques (SMD) forment un ensemble de maladies caractérisées par la production insuffisante de cellules sanguines matures saines par la moelle osseuse. Les cellules sanguines immatures, appelées cellules blastiques (blastes), ne fonctionnent pas correctement. Elles s’accumulent dans la moelle osseuse et le sang, et prennent la place des cellules sanguines saines. Il y a donc moins de globules rouges, de globules blancs et de plaquettes sains.

Les SMD se manifestent habituellement chez les gens âgés. Ils apparaissent plus souvent chez l’homme que chez la femme.

Les personnes atteintes d'un SMD présentent souvent des changements (mutations) dans certains chromosomes à l'intérieur des cellules du SMD. Voici des exemples de changements chromonomiques observés dans les cellules du SMD :

  • une délétion (perte) du bras q dans un ou plusieurs des chromosomes 5, 7 et 20;
  • une délétion complète du chromosome 5 ou 7;
  • une copie supplémentaire du chromosome 8.

De plus, les personnes atteintes d'un SMD présentent souvent des changements (mutations) dans certains gènes à l'intérieur des cellules du SMD. Voici des exemples de gènes porteurs de mutations présents dans les cellules du SMD :

  • SF3B1;
  • TP53.

Un SMD peut être causé par certains troubles génétiques, un traitement antérieur du cancer ou le contact avec certains produits chimiques en milieu de travail.

Environ 30 % des SMD se transformeront en leucémie myéloïde aiguë (LMA).

Le SMD était auparavant classé en tant que maladie peu susceptible de devenir un cancer et on l'appelait alors préleucémie. Maintenant qu'on en sait davantage sur les différents SMD, on les considère comme une forme de cancer.

Il est possible que le SMD ne cause aucun signe ni symptôme aux tout premiers stades de la maladie. Certaines personnes peuvent éprouver des symptômes légers qui s’aggravent avec le temps. Les symptômes qui se manifestent dépendent du type de cellule sanguine le plus atteint. Chez bien des personnes ayant un SMD, le nombre de globules rouges est faible (anémie). Un nombre peu élevé de globules blancs (neutropénie) ou de plaquettes (thrombocytopénie) ou bien des deux peut aussi signifier la présence d'un SMD. Les symptômes les plus fréquents du SMD sont ceux-ci :

  • fièvre;
  • infections fréquentes;
  • tendance aux ecchymoses et aux saignements;
  • fatigue;
  • essoufflement.

Bien des tests permettant de poser le diagnostic de SMD sont également employés pour diagnostiquer la leucémie, dont la formule sanguine complète ainsi que la ponction et biopsie de la moelle osseuse associée à des tests cytogénétiques et à une analyse particulière de l'ADN appelée séquençage de nouvelle génération. Apprenez-en davantage sur ces tests effectués pour diagnostiquer la leucémie.

Types de syndromes myélodysplasiques

L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) détermine les différents types de SMD en fonction de leurs classifications cellulaire et clinique.

La classification cellulaire permet d’identifier différents types de SMD en fonction des éléments suivants :

  • apparence des cellules du sang et de la moelle osseuse quand on les observe au microscope;
  • degré de dysplasie dans les cellules du sang et de la moelle osseuse;
  • changements dans les chromosomes des cellules du sang et de la moelle osseuse;
  • rapidité avec laquelle le SMD se transformera probablement en LMA.

La classification clinique permet d’identifier des types de SMD en fonction de ce que les médecins croient être le facteur principal de l’apparition de la maladie. Si les médecins ne parviennent pas à en établir la cause principale, on dit que c’est un SMD primaire. Si les médecins croient qu’un traitement qui a déjà été administré pour un cancer en est la cause, on dit que le SMD est secondaire, ou lié au traitement. Le SMD secondaire est plus fréquent que le SMD primaire.

En se basant sur ces classifications, les médecins peuvent identifier les types suivants de SMD.

Cytopénie réfractaire avec dysplasie unilignée (CRDU)

La cytopénie réfractaire avec dysplasie unilignée (CRDU) est caractérisée par le nombre peu élevé d'un seul type de cellules sanguines. Le nombre de cellules sanguines des deux autres types est normal. La dysplasie est habituellement minime.

Dans le cas de l’anémie réfractaire (AR), il y a peu de globules rouges dans le sang.

Dans le cas de la neutropénie réfractaire (NR), il y a peu de globules blancs dans le sang.

Dans le cas de la thrombocytopénie réfractaire (TR), il y a peu de plaquettes dans le sang.

La CRDU se transforme rarement en LMA.

Anémie réfractaire sidéroblastique idiopathique (ARSI)

L’anémie réfractaire sidéroblastique idiopathique (ARSI) est caractérisée par un nombre peu élevé de globules rouges dans le sang. Le nombre de globules blancs et de plaquettes est normal. Au moins 15 % des globules rouges contiennent trop de fer (on les appelle alors sidéroblastes en couronne, ou SC).

Environ 1 à 2 % de tous les cas d'ARSI se transforment en LMA.

Anémie réfractaire avec excès de blastes (AREB)

L'anémie réfractaire avec excès de blastes (AREB) est caractérisée par un nombre peu élevé de globules rouges dans le sang et parfois un nombre peu élevé de globules blancs ou de plaquettes. Les cellules sanguines semblent anormales dans la moelle osseuse.

L'AREB est divisée en deux catégories qui se basent sur le pourcentage de blastes dans la moelle osseuse.

AREB-1 signifie que de 5 à 9 % des cellules dans la moelle osseuse sont des blastes. Environ 25 % des cas d'AREB-1 se transforment en LMA.

AREB-2 signifie que de 10 à 19 % des cellules dans la moelle osseuse sont des blastes. Environ 33 % des cas d'AREB-2 se transforment en LMA.

Cytopénie réfractaire avec dysplasie multilignée (CRDM)

La cytopénie réfractaire avec dysplasie multilignée (CRDM) est caractérisée par le nombre peu élevé d'au moins deux types de cellules sanguines (globules rouges, globules blancs ou plaquettes) dans le sang. Si les globules rouges sont atteints et s’ils contiennent trop de fer, on parle alors de CRDM-SC.

La CRDM et la CRDM-SC peuvent se transformer en LMA.

Syndrome myélodysplasique inclassable (SMD-I)

Le syndrome myélodysplasique inclassable (SMD-I) est caractérisé par le nombre peu élevé d'un type de cellule sanguine (globules rouges, globules blancs ou plaquettes) dans le sang. Le pourcentage de blastes dans le sang et la moelle osseuse est normal.

Le SMD-I est rare. Les médecins posent le diagnostic de SMD-I quand les cellules du sang et de la moelle osseuse ne correspondent à aucun autre type de SMD. Le nombre de n'importe quel type de cellule sanguine circulant dans le sang peut être inférieur à la normale, mais moins de 10 % de ce type de cellule sanguine semble anormal dans la moelle osseuse. Les cellules dans la moelle osseuse présentent au moins une anomalie chromosomique qu’on observe seulement dans le SMD ou la leucémie.

Syndrome myélodysplasique associé à une anomalie chromosomique isolée del[5q]

Dans le cas du syndrome myélodysplasique associé à une anomalie chromosomique isolée del[5q], le nombre de globules rouges dans le sang est bas, le nombre de globules blancs est normal et le nombre de plaquettes est plus élevé que la normale. On observe également un changement spécifique dans le chromosome 5.

Ce type de SMD se transforme rarement en LMA.

Pronostic

Le pronostic est l'acte par lequel le médecin évalue le mieux comment une maladie affectera une personne et comment elle répondra au traitement. Le pronostic d'un SMD dépend de nombreux facteurs. Seul un médecin qui connaît bien vos antécédents médicaux, le type de SMD que vous avez et d'autres caractéristiques de la maladie, les traitements choisis et la réponse au traitement peut examiner toutes ces données pour en arriver à un pronostic.

Les médecins ont recours à des systèmes de cotation pronostique pour les SMD. Ils donnent à différents facteurs une valeur puis un score. Le score total permet d’assigner une catégorie de risque au SMD. Plus le score total est élevé, plus le SMD risque de se transformer en LMA et moins le pronostic est favorable.

Facteurs pronostiques et facteurs prédictifs

Pour établir un pronostic, le médecin considère certains aspects du SMD ou une caractéristique de la personne (comme son âge). Ce sont les facteurs pronostiques.

Le médecin tient également compte des facteurs prédictifs, qui influencent la façon dont le SMD répond à un certain traitement.

On aborde souvent les facteurs pronostiques et les facteurs prédictifs ensemble. Ils jouent tous les deux un rôle dans l'établissement du pronostic et le choix du plan de traitement. Les éléments suivants sont des facteurs pronostiques ou prédictifs des SMD.

Type de SMD

La CRDU et l’ARSI sont les moins susceptibles de se transformer en LMA. Elles engendrent un pronostic plus favorable que d’autres types de SMD.

Le syndrome myélodysplasique associé à une anomalie chromosomique isolée del[5q] se transforme rarement en LMA et engendre un pronostic plus favorable que d’autres types de SMD.

Pourcentage de blastes dans la moelle osseuse

Un pourcentage élevé de blastes dans la moelle osseuse engendre un pronostic moins favorable.

Nombre peu élevé de cellules sanguines

Un nombre peu élevé de plus d'un type de cellule sanguine (globules rouges, globules blancs ou plaquettes) est le signe d'un pronostic moins favorable.

Changements chromosomiques

Des changements dans le chromosome 7 signifient habituellement un pronostic moins favorable.

Les changements sont simples quand il y en a moins de 3 dans les chromosomes. Il y a un lien entre les changements simples et un pronostic plus favorable.

Les changements sont complexes quand il y en a 3 ou plus dans les chromosomes. Il y a un lien entre les changements complexes et un pronostic moins favorable.

Mutations génétiques

Une mutation SF3B1 dans les cellules du SMD, souvent observée en présence d'une ARSI, est liée à un pronostic plus favorable.

Une mutation TP53 dans les cellules du SMD est liée à un pronostic moins favorable.

Traitements

Le but du traitement d'un SMD est de soulager les symptômes, de ralentir ou d’interrompre la transformation du SMD en LMA et d’améliorer la qualité de vie.

Votre équipe de soins discutera avec vous afin d’élaborer un plan de traitement, qui peut comporter la gestion des symptômes ou des complications dus au SMD (traitement de soutien), comme un nombre peu élevé de cellules sanguines, ou le traitement de la maladie même.

Le traitement de soutien peut comprendre ce qui suit :

  • transfusions;
  • facteurs de croissance;
  • traitement médicamenteux.

Les traitements administrés pour le SMD même comprennent ceux-ci :

  • chimiothérapie;
  • greffe de cellules souches.

Pour ces traitements, on peut avoir recours à différents médicaments. Si vous souhaitez en savoir davantage sur certains médicaments, consultez la section Sources d'information sur les médicaments.

Transfusions

Si le nombre de vos globules rouges est bas (anémie), on pourrait vous faire des transfusions sanguines. Recevoir des transfusions sanguines risque de causer une surcharge en fer, qu'on traite avec des médicaments comme la déféroxamine (Desferal) et le déférasirox (Exjade, Jadenu).

Si vous avez des problèmes de saignement causés par un nombre peu élevé de plaquettes, on pourrait vous faire des transfusions de plaquettes.

Facteurs de croissance

Les facteurs de croissance sont des substances qui régulent la croissance, la division et la survie des cellules. Ne pas avoir suffisamment de cellules sanguines saines engendre la plupart des symptômes d'un SMD. Les facteurs de croissance aident à ramener le nombre de cellules sanguines à la normale.

L’époétine alpha (Eprex) aide à améliorer la production de globules rouges.

Traitement médicamenteux

On peut avoir recours aux médicaments suivants pour traiter ou prévenir les problèmes causés par un nombre peu élevé de cellules sanguines :

  • antibiotiques;
  • lénalidomide (Revlimid);
  • luspatercept (Reblozyl);
  • eltrombopag (Revolade);
  • globuline antithymocytaire.

On peut administrer la globuline antithymocytaire et la cyclosporine dans le cas d'un sous-type rare de SMD caractérisé par un très faible nombre de cellules sanguines dans la moelle osseuse.

Chimiothérapie

En chimiothérapie, on a recours à des médicaments cytotoxiques pour détruire les cellules cancéreuses. Le mot cytotoxique signifie toxique pour toutes les cellules de votre corps. Ces médicaments détruisent donc les cellules cancéreuses, mais ils peuvent aussi endommager les cellules saines. On peut également avoir recours à la chimiothérapie pour traiter les symptômes d'un SMD et pour aider à ralentir ou à empêcher la transformation du SMD en LMA.

Les agents chimiothérapeutiques les plus souvent administrés pour traiter un SMD sont les suivants :

  • azacitidine;
  • décitabine (Demylocan);
  • décitabine et cédazuridine en traitement d'association (Inqovi).

On peut parfois aussi proposer les agents chimiothérapeutiques utilisés comme traitement d'induction de la LMA.

Greffe de cellules souches

La greffe de cellules souches pourrait être une option de traitement pour les plus jeunes qui sont en assez bonne santé.

Suivi

Les spécialistes du cancer (oncologues) ou les spécialistes des maladies du sang (hématologues) ainsi que votre médecin de famille se partagent souvent la responsabilité du suivi d'un SMD. Votre équipe de soins discutera avec vous afin de décider quel suivi répond à vos besoins.

N’attendez pas au prochain rendez-vous prévu pour signaler tout nouveau symptôme ou tout symptôme qui ne disparaît pas.

Révision par les experts et références

  • Kareem Jamani, MD, LMCC, FRCPC
  • American Cancer Society. About Myelodysplastic Syndromes. 2018: https://www.cancer.org/.
  • American Cancer Society. Early Detection, Diagnosis, and Staging. 2018: https://www.cancer.org/.
  • American Cancer Society. Treating Myelodysplastic Syndromes. 2018: https://www.cancer.org/.
  • Besa EC . Medscape Reference: Myelodysplastic Syndrome (MDS) . WebMD LLC ; 2021 : https://www.medscape.com/.
  • Celgene Inc, Bristol Myers Squibb. Product Monograph Luspatercept (Reblozyl). https://pdf.hres.ca/dpd_pm/00059994.PDF.
  • Emadi A, York Law J. Myelodysplastic syndrome (MDS). Merck Manual Professional Version. Kenilworth, NJ: Merck & Co, Inc; 2020: https://www.merckmanuals.com/en-ca/professional.
  • Komrokji RS, Padron E, List AF. Myelodysplastic syndromes. DeVita VT Jr., Lawrence TS, Rosenberg SA, eds. DeVita, Hellman, and Rosenberg's Cancer: Principles & Practice of Oncology. 11th ed. Philadelphia, PA: Wolters Kluwer; 2019: Kindle version, ch 106, https://read.amazon.ca/?asin=B0777JYQQC&language=en-CA.
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  • PDQ Adult Treatment Editorial Board. Myelodysplastic Syndromes Treatment (PDQ®) – Health Professional Version. Bethesda, MD: National Cancer Institute; 2021: https://www.cancer.gov/.
  • PDQ Adult Treatment Editorial Board. Myelodysplastic Syndromes Treatment (PDQ®) – Patient Version. Bethesda, MD: National Cancer Institute; 2022: https://www.cancer.gov/.

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