Recherche sur le cancer de l'œsophage

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On en apprend toujours plus sur le cancer. Les chercheurs et les professionnels de la santé se servent de ce qu’ils ont appris lors des études de recherche pour élaborer de meilleures façons de traiter le cancer de l'œsophage. Le texte qui suit traite de différentes recherches qui se révèlent prometteuses dans le traitement du cancer de l'œsophage.

Nous avons inclus de l’information qui provient des sources suivantes. Chaque article comporte un numéro d’identification dont le lien mène à un bref résumé.

  • PubMed, US National Library of Medicine (PMID)
  • American Society of Clinical Oncology (ASCO)
  • ClinicalTrials.gov (NCT)

Chirurgie

Des chercheurs tentent de trouver de meilleures façons de traiter le cancer de l'œsophage à l’aide de la chirurgie et d’améliorer comment on la pratique.

Le retrait de ganglions lymphatiques fait normalement partie de l'œsophagectomie, qui sert à enlever l'œsophage. Le nombre de ganglions lymphatiques atteints par le cancer est pris en considération lorsqu'on établit le stade du cancer de l’œsophage, mais on ignore si le fait d'enlever un plus grand nombre de ganglions lymphatiques améliore la survie ou réduit le risque de réapparition du cancer après la chirurgie. Des chercheurs ont comparé deux groupes de personnes ayant subi une opération pour retirer leur œsophage. Dans un groupe, on a enlevé des ganglions dans trois régions (le cou, le thorax et l'abdomen) et dans l'autre groupe, on a enlevé des ganglions dans deux régions (le thorax et l'abdomen). L'étude, qui portait sur des personnes dont les tumeurs étaient situées dans la partie centrale ou inférieure de l'œsophage, a montré que la survie sans récidive et la survie globale étaient semblables dans les deux groupes. Ces résultats donnent à penser que le retrait chirurgical d'un plus grand nombre de ganglions lymphatiques que nécessaire dans le but d'établir le stade du cancer n'est peut-être pas essentiel (Journal of Thoracic Oncology, PMID 33307192).

Le report de la chirurgie après une chimioradiothérapie jusqu'à ce que l'intervention soit requise pourrait aider à retarder les effets secondaires importants de la chirurgie et à améliorer la qualité de vie. Un essai clinique sera mené pour comparer un groupe de personnes recevant le traitement standard, soit une chimioradiothérapie néoadjuvante suivie d'une chirurgie, avec un autre groupe de personnes qui subiront une intervention chirugicale seulement si le cancer réapparaît après la chimioradiothérapie (ClinicalTrials.gov, NCT 04460352).

La chirurgie robotique visant à enlever l'œsophage pratiquée dans le cadre d'un essai clinique a permis d'atténuer les répercussions de la chirurgie. Lors de ce type d'intervention, le chirurgien, qui est assis près de la table d'opération, manipule les bras robotiques qui réalisent l'opération à travers plusieurs petites coupures (incisions) dans le thorax. Si on les compare avec les personnes ayant subi une chirurgie minimalement invasive, les personnes chez qui on a pratiqué une chirurgie robotique ont eu moins de complications chirurgicales, dont les fuites anastomotiques, et ont séjourné moins longtemps à l'hôpital (Frontiers in Oncology, PMID 36059666; Surgical Endoscopy, PMID 36097100). Puisque la chirurgie robotique exige un équipement spécial et une formation approfondie qui sont très coûteux, il est possible qu'elle ne soit pas offerte dans tous les hôpitaux, même si on finit par la reconnaître en tant que traitement du cancer de l’œsophage.

Radiothérapie

Des chercheurs tentent de trouver de meilleures façons d’utiliser la radiothérapie pour traiter le cancer de l'œsophage.

La radiothérapie conformationnelle avec modulation d'intensité (RCMI) est une forme spécialisée de radiothérapie. La RCMI permet d'administrer une radiothérapie externe de façon ciblée à l’aide d’ordinateurs afin de varier la forme du champ de rayonnement ainsi que l’intensité de la dose émise. Cette technique maximise l'irradiation de la tumeur et réduit le plus possible la quantité de radiation à laquelle le tissu normal est exposé.

  • Lors d'une étude comparative, on a ajouté une dose (complément d'irradiation) à la quantité de radiation émise par la RCMI, soit au moment de la chimioradiothérapie, soit plus tard. Les résultats ont montré que la principale différence entre les deux groupes était un meilleur contrôle local du cancer dans le groupe ayant reçu le complément d'irradiation en même temps que la chimioradiothérapie, mais qu'il n'y avait aucune différence quant au taux de survie globale (Frontiers in Surgery, PMID 35677748).
  • Des doses plus élevées de radiation administrées par la RCMI durant la chimioradiothérapie ont engendré une meilleure survie chez les personnes atteintes d'un cancer de l'œsophage localement avancé qui ne pouvait pas être enlevé par chirurgie, comparativement aux personnes traitées au moyen d'une dose de radiation moins élevée (Medicine (Baltimore), PMID 35482986).

La protonthérapie a recours à des faisceaux de protons plutôt que de rayons X pour détruire le tissu cancéreux. Les faisceaux de rayons X libèrent de l’énergie avant et après avoir atteint leur cible. Les faisceaux de protons sont différents puisqu’ils libèrent la plus grande partie de leur énergie après avoir parcouru une certaine distance. Ils causent ainsi très peu de dommages aux tissus qu’ils traversent et on peut donc administrer plus de radiation à la tumeur. Les chercheurs étudient l'association de la chimioradiothérapie à la protonthérapie chez les personnes atteintes d'un cancer de l'œsophage (Journal of Gastrointestinal Oncology, PMID 32175118; ClinicalTrials.gov, NCT 03801876, NCT 05055648). Cependant, ce ne sont pas toutes les études qui ont montré qu'il est plus avantageux d'employer des faisceaux de protons (Cancers (Basel), PMID 35454939; PMID 36011037). Les appareils nécessaires à la production de protons coûtent cher et ce type de radiothérapie pourrait ne pas être offert dans tous les centres de traitement.

Chimiothérapie et chimioradiothérapie

On a souvent recours à la chimioradiothérapie pour traiter le cancer de l’œsophage. On peut aussi administrer seulement une chimiothérapie. Les recherches qui suivent se révèlent prometteuses pour le traitement du cancer de l'œsophage.

Le carboplatine et le paclitaxel sont associés à la radiothérapie externe dans le cadre d'un essai clinique. L'essai a pour objectif de déterminer si l'ajout de ces agents chimiothérapeutiques à la radiothérapie atténue les troubles de la déglutition chez les personnes atteintes d'un cancer de l’œsophage qu'on ne peut pas enlever par chirurgie (ClinicalTrials.gov, NCT 02297217).

L'oxaliplatine et la capécitabine (Xeloda) ont été comparés au cisplatine et au paclitaxel comme traitement d'un adénocarcinome de la jonction œsophago-gastrique. On a administré chaque association chimiothérapeutique avec une radiothérapie externe avant la chirurgie. Les résultats de l'étude ont montré que la survie globale et la survie sans évolution étaient meilleures lorsqu'on avait recours au cisplatine associé au paclitaxel (European Journal of Cancer, PMID 33307192).

La chimiothérapie administrée après la chimioradiothérapie néoadjuvante et la chirurgie pourrait aider à améliorer la survie chez les personnes atteintes d'un carcinome épidermoïde de l’œsophage, qu'on n'a pas pu enlever en entier lors de la chirurgie (Journal of Personalized Medicine, PMID 36013201).

Traitement ciblé

Le traitement ciblé a recours à des médicaments pour cibler des molécules spécifiques, comme des protéines, présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. Ces molécules contribuent à l’envoi de signaux qui indiquent aux cellules de croître ou de se diviser. En ciblant ces molécules, les médicaments interrompent la croissance et la propagation des cellules cancéreuses tout en limitant les dommages aux cellules normales. Les médicaments ciblés qui suivent se révèlent prometteurs pour le traitement du cancer de l'œsophage.

Le régorafénib (Stivarga) est à l'étude dans un essai clinique de phase 3 en tant que traitement pour les personnes atteintes d'un adénocarcinome de la jonction œsophago-gastrique (OG). L'essai clinique, appelé INTEGRATE IIa, compare le régorafénib à un placebo pour traiter les récidives locales ou les tumeurs métastatiques qui n'ont pas répondu à au moins 2 types de chimiothérapie (ClinicalTrials.gov, NCT 02773524).

Le bévacizumab (Avastin) est un médicament ciblé qui rétrécit les vaisseaux sanguins. On a comparé l'association de bévacizumab, de gemcitabine et de cisplatine à la gemcitabine et au cisplatine comme premier traitement administré aux personnes ayant reçu un diagnostic de cancer de l'œsophage. Les résultats ont montré que les personnes traitées au moyen du bévacizumab, de la gemcitabine et du cisplatine avaient un taux de survie plus élevé après 2 ans, comparativement aux personnes traitées au moyen de la gemcitabine et du cisplatine seulement (Biomedical Research International, PMID 35480138).

Le zanidatamab est un nouvel anticorps monoclonal qui cible les adénocarcinomes de la jonction œsophago-gastrique HER2 positifs. Une nouvelle étude appelée HERIZON-GEA-01 compare le zanidatamab et la chimiothérapie, avec ou sans tislélizumab (un médicament immunothérapeutique), au trastuzumab et à la chimiothérapie comme premier traitement chez les personnes atteintes d'un adénocarcinome avancé ou métastatique. L'étude évaluera l'efficacité et l'innocuité de ce nouveau traitement (Future Oncology, PMID 36000541; ClinicalTrials.gov, NCT 05152147).

Immunothérapie

L’immunothérapie aide à renforcer ou à rétablir la capacité du système immunitaire de combattre le cancer et de détruire les cellules cancéreuses. Le système immunitaire s’empêche habituellement d’attaquer les cellules normales en se servant de protéines spécifiques appelées points de contrôle, qui sont fabriquées par certaines cellules du système immunitaire. La PD-1 est une protéine spécifique de point de contrôle immunitaire qui empêche les cellules T d’attaquer d’autres cellules. Elle y parvient en se liant à la PD-L1, une protéine présente à la surface de certaines cellules normales ou cancéreuses. Les inhibiteurs de point de contrôle peuvent cibler la protéine PD-1 ou la protéine PD-L1.

L'association de médicaments immunothérapeutiques à des agents chimiothérapeutiques porte le nom d'immunochimiothérapie. La recherche se penche sur les inhibiteurs du point de contrôle PD-1 utilisés en immunochimiothérapie comme traitements potentiels du cancer de l'œsophage :

Autres avancées importantes

Voici d'autres avancées importantes de la recherche sur le cancer de l'œsophage.

La préadaptation fait appel à l'exercice, à l'alimentation et au soutien psychologique pour améliorer l'état général de santé physique et mentale d'une personne avant l'administration d'un traitement. L'objectif est d'aider la personne à mieux composer avec les effets secondaires importants d'une chirurgie pratiquée pour enlever la totalité ou une partie de l'œsophage de même qu'avec les effets secondaires d'une chimioradiothérapie pour le cancer de l'œsophage. Les études sur la préadaptation montrent que celle-ci peut améliorer l'état nutritionnel, la forme physique et la qualité de vie. Certaines études laissent entendre que la préadaptation peut également aider à réduire les risques de décès en raison de la chirurgie (Cancers (Basel), PMID 35565226; Diseases of the Esophagus, PMID 35795994, PMID 34875680; British Journal of Sports Medicine, PMID 35105604).

Le projet Thoracic POISE se penche sur les suppléments alimentaires, les conseils en nutrition, les recommandations relatives à l'activité physique et le soutien psychologique dans le cadre d'une approche intégrée pour les soins aux personnes atteintes d'un cancer de l'œsophage. L'objectif de l'étude est de voir si l'ajout de pratiques de soins de santé intégrés peut rehausser la qualité de vie, réduire les effets secondaires de la chirurgie et aider à améliorer la survie (ClinicalTrials.gov, NCT 04871412).

Pour en apprendre davantage sur la recherche sur le cancer

Les chercheurs tentent toujours d’en savoir davantage sur le cancer. L’essai clinique est une étude de recherche lors de laquelle on met à l’essai de nouvelles façons de traiter le cancer. On évalue également des manières de prévenir le cancer, de le trouver ou de le gérer.

L’essai clinique permet d'obtenir des renseignements sur l'innocuité et l'efficacité de nouvelles approches afin de déterminer si elles doivent être offertes à plus grande échelle. La plupart des traitements standards du cancer de l'œsophage ont d'abord démontré leur efficacité en essai clinique.

Apprenez-en davantage sur les essais cliniques.

Révision par les experts et références

  • Donna Maziak, MD, MSc, FRCPC

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