Délire

Le délire est un changement de l’état cognitif qui apparaît rapidement et soudainement en quelques heures ou en quelques jours. Les gens atteints d’une maladie, dont le cancer, qui n’en est plus à un stade précoce risquent de souffrir de délire, tout comme les aînés et les personnes atteintes de démence.

Causes

Le délire chez les personnes atteintes de cancer peut être causé par de nombreux facteurs dont ceux-ci :

  • tumeur primitive au cerveau ou cancer qui s’est propagé au cerveau ou aux méninges;
  • changements du métabolisme;
  • infection;
  • insuffisance d’oxygène;
  • insuffisance respiratoire, hépatique ou rénale;
  • malnutrition;
  • insuffisance de liquides dans le corps (déshydratation);
  • taux d’électrolytes corporels problématiques;
  • syndrome d'antidiurèse inappropriée (SIAD);
  • agents chimiothérapeutiques et autres médicaments;
  • dommages au cerveau provoqués par la radiothérapie (encéphalopathie).

Le délire est souvent causé par plusieurs de ces problèmes.

Signes et symptômes

Les signes et symptômes généraux du délire comprennent ceux qui suivent:

  • confusion – ne pas savoir ni l’heure ni le jour qu’il est ou bien où on se trouve
  • oublis, difficulté à se rappeler les choses qui se sont produites récemment
  • conversation incohérente, mots ou réponses qui n’ont pas de sens
  • incapacité de se concentrer ou de penser clairement
  • hallucinations – voir, ressentir ou entendre des choses qui n’existent pas
  • changements des habitudes de sommeil

On peut diviser le délire en 3 types. Chacun comporte ses propres signes et symptômes.

Le délire hypoactif est le type de délire qui affecte le plus souvent les personnes atteintes d’un cancer avancé. Les signes comprennent le ralentissement ou la diminution de la parole, la baisse du degré de conscience et la réduction de la mobilité ou de l’activité. Les personnes souffrant de délire hypoactif peuvent devenir très somnolentes et léthargiques.

Le délire hyperactif présente des signes comme la nervosité, l’agitation, l’anxiété et les changements d’humeur fréquents. Les personnes souffrant de délire hyperactif peuvent être irritables, frustrées, fâchées, apeurées ou excitées. Elles peuvent aussi devenir agressives physiquement.

Le délire mixte apparaît lorsque la personne présente tantôt des signes de délire hypoactif et tantôt des signes de délire hyperactif.

Le délire présente certains signes et symptômes de la démence, donc il peut être difficile de les différencier. La principale différence entre le délire et la démence est que les symptômes du délire apparaissent rapidement, alors que les symptômes de la démence s’installent lentement pendant un certain temps.

Les membres de la famille sont souvent les premiers à remarquer les signes de démence, puisque ce sont eux qui connaissent le mieux la personne. Si vous observez des changements de personnalité ou de comportement chez une personne atteinte d’un cancer avancé, avisez immédiatement l’équipe de soins.

Diagnostic

L’équipe de soins tentera de trouver ce qui cause le délire. On regardera les médicaments pris par la personne afin de savoir s’ils sont susceptibles de provoquer le délire.

On fait des tests afin d’essayer de trouver la cause sous-jacente du délire, dont ceux-ci :

Selon les résultats des tests, on pourrait en faire d’autres pour poser un diagnostic, dont ceux-ci :

Traitement

Discutez avec votre équipe de soins des traitements du délire et voyez comment ils correspondent à vos décisions sur vos soins. Le traitement n’atténue par toujours le délire chez les personnes atteintes d’un cancer avancé. Dans certains cas, en particulier si la personne atteinte de cancer se rapproche de la fin de sa vie, on peut décider de ne pas traiter le délire.

Le type de traitement proposé pour le délire dépend des résultats des tests. Les traitements peuvent comprendre ceux-ci:

  • changer les médicaments ou leur dose ou bien les arrêter
  • administrer des liquides à l’aide d’aiguilles insérées dans la peau (sous-cutanées) pour traiter la déshydratation
  • administrer des antibiotiques pour traiter une infection
  • contrôler la douleur
  • administrer de l’oxygène
  • retirer un cathéter de la vessie

L’équipe de soins essaiera également de créer un environnement calme pour la personne en délire en faisant ce qui suit:

  • s’assurer que la lumière naturelle est bien présente dans sa chambre le jour et que sa chambre est sombre la nuit
  • réduire le bruit dans sa chambre ou le corridor
  • mettre une horloge ou un calendrier dans sa chambre
  • limiter le nombre de visiteurs
  • s’assurer que le sommeil de la personne n’est pas interrompu par des visites médicales

Si la personne souffrant de délire est en détresse ou est bouleversée, ou s’il semble qu’elle pourrait se blesser ou blesser quelqu’un d’autre, il est possible que l’équipe de soins lui administre des médicaments pour aider à atténuer ces symptômes. Il n’y a pas de médicaments standards pour traiter le délire lié au cancer, mais on pourrait proposer ceux qui suivent:

  • olanzapine (Zyprexa)
  • quétiapine (Seroquel)
  • aripiprazole (Abilify)

Les effets secondaires de ces médicaments peuvent être les suivants:

  • agitation
  • somnolence
  • étourdissements
  • mouvements anormaux (effets secondaires extrapyramidaux)

On peut avoir recours au méthylphénidate (Ritalin) chez les personnes atteintes de délire hypoactif qui n’ont pas d’hallucinations ou d’illusions et si on ne parvient pas à trouver la cause sous-jacente du délire. Ses effets secondaires sont entre autres la nausée, les étourdissements et des difficultés à dormir.

Si quelqu’un souffrant de délire est très agité, l’équipe de soins pourrait lui administrer des sédatifs pendant une courte période, comme du lorazépam (Ativan) ou du midazolam (Versed). Les effets secondaires de ces médicaments comprennent la somnolence et les étourdissements. Les sédatifs font également augmenter le risque de chutes.

Aide à apporter à quelqu’un qui souffre de délire

Certaines de ces suggestions pourraient aider la personne atteinte de délire que vous connaissez.

  • Apportez des choses de la maison qui lui sont familières comme des photos ou sa couverture préférée.
  • Faites jouer doucement sa musique préférée.
  • Parlez d’une voix douce et rassurante. Rappelez-lui gentiment le jour et l’heure qu’il est, où elle se trouve, qui elle est et qui vous êtes.
  • Atténuez son agitation et aidez-la à rester active en faisant de petites promenades.
  • Demandez qu’il y ait le plus souvent possible quelqu’un avec elle. Les membres de la famille peuvent venir chacun leur tour afin de s’assurer qu’elle ne soit jamais seule.

Réaction face au délire

Le délire peut être perturbant pour les membres de la famille, en particulier si leur proche devient agressif ou désagréable. Essayez de vous rappeler que les personnes en délire ne sont pas conscientes de leurs actions et que ces dernières ne reflètent pas leurs vraies émotions ou croyances.

Le délire peut aussi perturber la personne qui s’en est remise. Elle peut se sentir confuse, coupable ou honteuse de ce qu’elle a dit ou fait.

L’équipe de soins est en mesure de vous donner l’information et le soutien dont vous avez besoin pour comprendre le délire.

Révision par les experts et références

  • Bush SH. Delirium: Information for Palliative Care Patients and their Families. Bruyere; 2017: https://www.bruyere.org/en/Delirium.
  • Bush SH, Lawlor PG, Ryan K, et al . Delirium in adult cancer patients: ESMO Clinical Practice Guidelines. Annals of Oncology. 2018.
  • Bush SH, Tierney S & Lawlor PG . Clinical assessment and management of delirium in the palliative care setting. Drugs. 2017.
  • Irwin, SA, Buckholz GT, Pirrello RD, Hirst, JM, Ferris FD . Recognizing and managing delirium. Berger AM, Shuster JL Jr, Von Roenn JH (eds.). Principles and Practice of Palliative Care and Supportive Oncology. 4th ed. Philadelphia: Lippincott Williams & Wilkins; 2013: 40: 529-542.
  • Johnson RJ III . A research study review of effectiveness of treatments for psychiatric conditions common to end-stage cancer patients: needs assessment for future research and an impassioned plea. BMC Psychiatry. 2018: https://doi.org/10.1186/s12888-018-1651-9.
  • National Cancer Institute. Delirium (PDQ®) Health Professional Version. 2016.
  • National Cancer Institute. Delirium and cancer treatment. 2017.
  • Nolan C & DeAngelis LM . The confused oncologic patient: a rational clinical approach. Current Opinion in Neurology. 2016.

Non-responsabilité médicale

L'information fournie par la Société canadienne du cancer ne saurait remplacer le lien qui vous unit à votre médecin. Nos renseignements sont d’ordre général; avant de prendre toute décision de nature médicale ou si vous avez des questions concernant votre état de santé personnel, assurez-vous de parler à un professionnel de la santé qualifié.

Nous faisons le maximum pour que les renseignements que nous diffusons soient toujours exacts et fiables, mais nous ne pouvons garantir leur exhaustivité, pas plus que l’absence totale d’erreur.

La Société canadienne du cancer n’assume aucune responsabilité quant à la qualité des renseignements ou des services offerts par d'autres organismes mentionnés sur cancer.ca, pas plus qu’elle ne cautionne un service, un produit, un traitement ou une thérapie en particulier. 


1-888-939-3333 | cancer.ca | © 2024 Canadian Cancer Society