Traitement ciblé pour le cancer du poumon non à petites cellules

Dernière révision médicale :

Certaines personnes atteintes d’un cancer du poumon non à petites cellules reçoivent un traitement ciblé. Le traitement ciblé a recours à des médicaments pour cibler des molécules spécifiques, comme des protéines, présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. Ces molécules contribuent à l’envoi de signaux qui indiquent aux cellules de croître ou de se diviser. En ciblant ces molécules, les médicaments interrompent la croissance et la propagation des cellules cancéreuses tout en limitant les dommages aux cellules normales. Le traitement ciblé peut aussi être appelé traitement à ciblage moléculaire.

Vous pourriez recevoir un traitement ciblé pour un cancer du poumon non à petites cellules qui :

  • ne peut pas être enlevé par chirurgie parce qu’il s’est propagé aux ganglions lymphatiques;

  • s’est propagé (métastases) à d’autres parties du corps;

  • est réapparu (récidive) après une chimiothérapie ou n’a pas répondu à la chimiothérapie.

Votre équipe de soins prendra vos besoins personnels en considération pour décider des médicaments ciblés, des doses et du calendrier d’administration. Vous pourriez aussi recevoir d’autres traitements.

À l'heure actuelle, on n'a pas recours au traitement ciblé pour traiter le cancer du poumon à petites cellules. Les médicaments qui ciblent les molécules du cancer du poumon non à petites cellules ne sont pas efficaces sur les molécules du cancer du poumon à petites cellules. On doit faire plus de recherches pour trouver des médicaments ciblés qui sont efficaces contre le cancer du poumon à petites cellules.

Médicaments ciblés administrés pour le cancer du poumon non à petites cellules

Lors du processus diagnostique du cancer du poumon non à petites cellules, on fait des analyses moléculaires de cellules et de tissus à la recherche de différents types de changements (mutations génétiques) dans les cellules cancéreuses. Le type de médicament ciblé qu’on vous proposera dépend de la mutation génétique qu’on détectera lors des analyses et de l'existence de médicaments qui ciblent cette mutation.

Médicaments qui ciblent le R-EGF

Le récepteur du facteur de croissance épidermique (R-EGF) est présent à la surface des cellules et il leur envoie des signaux qui leur permettent de croître et de se diviser. Une mutation dans le gène R-EGF peut provoquer une croissance et une division cellulaires plus importantes qu’à l’habitude. Les cellules cancéreuses porteuses de la mutation R-EGF sont dites R-EGF positives (R-EGF+).

Il existe différents types de mutations R-EGF. Les cellules cancéreuses qui ne présentent pas de mutations R-EGF sont dites R-EGF de type sauvage.

Les inhibiteurs de la tyrosine kinase du R-EGF (ITK R-EGF) empêchent le R-EGF d'agir, ce qui interrompt ou ralentit la croissance des cellules cancéreuses. On les prend sous forme de pilule.

On administre habituellement des ITK R-EGF aux personnes atteintes d’un cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique qui est R-EGF+. La recherche a démontré que ces médicaments améliorent la qualité de vie, augmentent le temps écoulé avant que le cancer se développe de nouveau et sont plus efficaces que la chimiothérapie pour traiter le cancer.

On a recours aux ITK R-EGF qui suivent pour traiter un cancer du poumon non à petites cellules R-EGF+ :

  • gefitinib (Iressa);
  • afatinib (Giotrif);
  • erlotinib (Tarceva);
  • dactomitinib (Vizimpro).

On peut aussi administrer de l’erlotinib aux personnes qui ont reçu une association d’agents chimiothérapeutiques pour un cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique dont le statut R-EGF était positif ou sauvage. On le propose quand le cancer a cessé de répondre à la chimiothérapie. On peut aussi proposer l'erlotinib comme traitement d’entretien pour une tumeur R-EGF+ après la chimiothérapie.

On peut également administrer l’afatinib aux personnes atteintes d’un cancer du poumon de type épidermoïde qui a cessé de répondre à la chimiothérapie à base de cisplatine.

Mutation T790M

Les ITK R-EGF parviennent souvent à réduire la taille des tumeurs et ils peuvent contrôler un cancer du poumon non à petites cellules pendant plusieurs mois. Mais avec le temps, les cellules cancéreuses développent une autre mutation dans le gène R-EGF et le médicament cesse d’agir. Si vous preniez un ITK R-EGF et qu’il a cessé d’agir, votre équipe de soins pourrait faire un prélèvement dans une autre tumeur à la recherche de nouvelles mutations génétiques. L’un des changements qui pourraient être détectés est appelé mutation T790M.

Le médicament ciblé administré pour un cancer du poumon non à petites cellules avec mutation T790M est l'osimertinib (Tagrisso). Si vous avez déjà reçu de l'osimertinib et que le cancer réapparaît, on ne vous l'administrera pas de nouveau.

Mutation par insertion dans l'exon 20 du R-EGF

Une mutation par insertion dans l'exon 20 du R-EGF se produit lorsqu'un petit élément de matériel génétique est ajouté (inséré) dans le segment du gène R-EGF appelé exon 20.

Les médicaments ciblés auxquels on a recours dans le cas d'autres mutations du R-EGF n'ont pas d'effet s'il s'agit d'une mutation par insertion dans l'exon 20 du R-EGF.

On peut administrer l'amivantamab (Rybrevant) pour traiter un cancer du poumon non à petites cellules récidivant ou de stade 3B, 3C ou 4 avec mutation par insertion dans l'exon 20 du R-EGF si le cancer ne répond pas ou cesse de répondre à la chimiothérapie à base de cisplatine ou de carboplatine.

Médicaments qui ciblent l’ALK

La kinase du lymphome anaplasique (ALK) est une protéine qui participe à la croissance et à la division des cellules. Elle est contrôlée par le gène ALK. Un très petit nombre de cancers du poumon non à petites cellules présentent un changement (mutation) dans le gène ALK qui provoque le développement et la propagation des cellules cancéreuses. Les cellules cancéreuses qui sont porteuses de la mutation ALK sont dites ALK positives (ALK+).

On administre habituellement des médicaments qui ciblent le changement dans le gène ALK plutôt qu’une chimiothérapie puisqu’ils sont plus efficaces pour réduire la taille des tumeurs. On les prend sous forme de pilule.

Le premier médicament ciblé auquel on a recours pour traiter le cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique ALK positif est le crizotinib (Xalkori). Si le cancer cesse de répondre au crizotinib, ou si vous ne pouvez pas prendre de crizotinib, on pourrait avoir recours à ces médicaments ciblés :

  • céritinib (Zykadia)

  • alectinib (Alecensaro)

  • brigatinib (Alunbrig)

On pourrait vous proposer le lorlatinib (Lorbrena) si le cancer ne répond plus au crizotinib et à un autre médicament qui cible l'ALK.

Mutation ROS1

Le gène ROS1 fabrique une protéine responsable des signaux dans les cellules et leur processus de croissance. Un cancer du poumon non à petites cellules qui présente une mutation dans ce gène est dit ROS1 positif (ROS1+).

On peut administrer du crizotinib aux personnes atteintes d’un cancer du poumon non à petites cellules de stade avancé qui est ROS1 positif. On pourrait vous proposer de l'entrectinib (Rozlytrek) pour un cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique ROS1+ si vous n'avez pas reçu de crizotinib.

Mutation KRAS G12C

KRAS G12C est une mutation génétique courante chez les personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules. Une tumeur qui présente la mutation KRAS G12C est dite KRAS G12C positive.

Le sotorasib (Lumakras) est un médicament ciblé auquel on peut avoir recours pour traiter les personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules KRAS G12C positif de stade avancé ou métastatique qui ont reçu au moins un autre traitement systémique.

Mutations BRAF

Le BRAF est une protéine qui envoie des signaux dans les cellules et qui les aide à croître. Des changements dans le gène BRAF, soit BRAF V600E, peuvent être détectés en plus grand nombre dans certains types de cancer du poumon. Les cellules cancéreuses dont ce gène a été ainsi modifié sont dites BRAF V600E positives (BRAF V600E+).

Une association de dabrafénib (Tafinlar) et de tramétinib (Mekinist) peut être administrée pour traiter le cancer du poumon non à petites cellules qui est BRAF V600E positif.

Mutations du récepteur tyrosine-kinase de la neurotrophine (NTRK)

Des mutations dans le gène NTRK peuvent causer une trop grande croissance cellulaire et ainsi provoquer la formation de cellules anormales et d'un cancer. Il arrive qu'on détecte cette mutation dans le cancer du poumon non à petites cellules. Les cellules cancéreuses dont ce gène a été ainsi modifié sont appelées cellules cancéreuses avec fusion TRK.

Un cancer du poumon non à petites cellules métastatique avec fusion TRK peut être traité avec du larotrectinib (Vitrakvi).

Mutations conduisant à un saut de l'exon 14 de la MET

Des mutations conduisant à un saut de l'exon 14 de la MET (METex 14) ont été observées dans un petit nombre de cancers du poumon non à petites cellules.

On peut avoir recours au tepotinib (Tepmetko) ou au capmatinib (Tabrecta) chez les personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules non résécable ou métastatique qui présente des mutations METex 14.

Fusions du gène RET

Le gène RET fabrique une protéine responsable des signaux dans les cellules et leur processus de croissance. Un très petit nombre de cancers du poumon non à petites cellules présentent un changement dans le gène RET. Les cellules cancéreuses qui présentent des changements dans le gène RET sont dites positives pour la fusion du gène RET. Au lieu de la chimiothérapie, on peut avoir recours aux médicaments ciblés suivants pour traiter un cancer du poumon non à petites cellules RET positif.

On peut administrer le médicament Gavreto (pralsetinib) à des personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules RET positif qui est non résécable ou métastatique.

On pourrait proposer le médicament Retevmo (selpercatinib) à des personnes atteintes d'un cancer du poumon non à petites cellules RET positif qui est métastatique.

Inhibiteurs de l’angiogenèse

Les tumeurs ont besoin de vaisseaux sanguins pour obtenir les éléments nutritifs et l’oxygène nécessaires à leur survie et à leur croissance. La formation de nouveaux vaisseaux sanguins est appelée angiogenèse. Les inhibiteurs de l’angiogenèse tentent d’affamer la tumeur en interrompant la formation de nouveaux vaisseaux sanguins.

L’inhibiteur de l’angiogenèse administré pour traiter le cancer du poumon non à petites cellules avancé ou métastatique est le bévacizumab (Avastin, Mvasi, Zirabev). Ce médicament cible le facteur de croissance de l'endothélium vasculaire (VEGF), qui est une protéine participant à la formation de nouveaux vaisseaux sanguins.

On associe le bévacizumab au carboplatine et au paclitaxel, deux agents chimiothérapeutiques. Si le cancer répond à la chimiothérapie, on continue de l’administrer seule jusqu’à ce que le cancer recommence à se développer.

Effets secondaires

Peu importe le traitement du cancer du poumon non à petites cellules, il est possible que des effets secondaires se produisent, mais chaque personne les ressent différemment. Certaines en ont beaucoup alors que d’autres en éprouvent peu ou pas du tout.

Le traitement ciblé s’attaque aux cellules cancéreuses, mais il n’endommage habituellement pas les cellules saines, alors les effets secondaires sont en général moins nombreux et moins graves que dans le cas de la chimiothérapie et de la radiothérapie. La chimiothérapie et la radiothérapie peuvent endommager les cellules saines tout comme les cellules cancéreuses.

Si des effets secondaires se manifestent, ils peuvent le faire n’importe quand pendant le traitement ciblé, tout de suite après ou quelques jours, voire quelques semaines plus tard. Il arrive que des effets secondaires apparaissent des mois ou des années à la suite du traitement ciblé (effets tardifs). La plupart disparaissent d’eux-mêmes ou peuvent être traités, mais certains risquent de durer longtemps ou d’être permanents.

Les effets secondaires du traitement ciblé dépendent surtout du type de médicament ou d’association médicamenteuse, de la dose, du mode d’administration et de votre état de santé global. Voici certains effets secondaires fréquents de tous les types de traitement ciblé administrés pour traiter le cancer du poumon non à petites cellules :

Les inhibiteurs du R-EGF peuvent causer les effets secondaires suivants :

Les inhibiteurs de l’ALK peuvent causer les effets secondaires suivants :

Le dabrafénib et le tramétinib peuvent aussi causer ces effets secondaires :

  • maux de tête;
  • fièvre;
  • douleur articulaire.

Le larotrectinib peut aussi causer ces effets secondaires :

  • lésions des nerfs périphériques;
  • douleur intense à l'estomac ou vomissements importants;
  • troubles de la parole ou de la coordination;
  • étourdissements ou confusion;
  • lésions dans la bouche.

Le bévacizumab peut causer les effets secondaires suivants :

Le pralsetinib et le selpercatinib peuvent causer ces effets secondaires :

Avisez votre équipe de soins si vous éprouvez ces effets secondaires ou d’autres que vous croyez liés au traitement ciblé. Plus vite vous mentionnez un problème, plus rapidement on pourra vous dire comment aider à le soulager.

Informations sur des médicaments anticancéreux spécifiques

Les renseignements sur des médicaments spécifiques changent régulièrement. Apprenez-en davantage sur les sources d’information sur les médicaments ainsi que sur les sites où vous pouvez obtenir des renseignements sur des médicaments spécifiques.

Questions à poser sur le traitement ciblé

Apprenez-en davantage sur le traitement ciblé. Afin de prendre les bonnes décisions pour vous, posez des questions sur le traitement ciblé à votre équipe de soins.

Révision par les experts et références

  • Stephen Lam, MD, FRCPC
  • Dong J, Li B, Lin D, Zhou Q, Huang D. Advances in targeted therapy and immunotherapy for non–small cell lung cancer based on accurate molecular typing. Frontiers in Pharmacology. 2019: 10:230.
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