Traitement ciblé de la leucémie lymphoïde chronique

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Le traitement ciblé a recours à des médicaments pour cibler des molécules spécifiques, comme des protéines, présentes à la surface ou à l’intérieur des cellules cancéreuses. Ces molécules contribuent à l’envoi de signaux qui indiquent aux cellules de croître ou de se diviser. En ciblant ces molécules, les médicaments interrompent la croissance et la propagation des cellules cancéreuses tout en limitant les dommages aux cellules normales. Le traitement ciblé peut aussi être appelé traitement à ciblage moléculaire.

Si vous recevez un traitement ciblé, votre équipe de soins se basera sur ce qu'elle sait relativement au cancer et à votre état de santé pour décider des médicaments, des doses et du calendrier d'administration. Certains médicaments ciblés ne sont administrés que pendant une période déterminée (traitement à durée limitée). D’autres peuvent être administrés tant et aussi longtemps qu’ils sont efficaces et que vous êtes capable de tolérer les effets secondaires (traitement prolongé).

On a habituellement recours au traitement ciblé si les cellules de la leucémie lymphoïde chronique (LLC) présentent l’une de ces caractéristiques moléculaires :

  • del(17p), qui signifie délétion 17p ou délétion du chromosome 17p (absence du bras court p du chromosome 17);
  • mutation TP53 (modification du gène TP53, qui ne fonctionne plus correctement);
  • gène IGHV non muté, c’est-à-dire qu’il n’a pas changé.

Quand votre équipe de soins décide des médicaments ciblés qui seraient les plus efficaces pour vous, elle prend les éléments suivants en considération :

  • si vous éprouvez d’autres affections médicales, en particulier des troubles cardiaques ou rénaux;
  • si vous souhaitez recevoir un traitement prolongé et s’il est sécuritaire de vous l’administrer, ou si un traitement à durée limitée était préférable;
  • s’il y a des obstacles à de fréquentes analyses sanguines permettant de surveiller le cancer et les effets secondaires des médicaments.

On a recours à différents types de traitement ciblé pour la LLC. Ce sont entre autres ceux-ci :

  • anticorps monoclonaux;
  • inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (TKB);
  • inhibiteurs de BCL-2.

Les effets secondaires du traitement ciblé dépendent surtout du type de médicament ou d’association médicamenteuse, de la dose, de la façon de l’administrer et de votre état de santé global. Avisez votre équipe de soins si vous éprouvez des effets secondaires que vous croyez liés au traitement ciblé. Plus tôt vous signalez un problème, plus rapidement on pourra vous dire comment aider à le traiter.

Anticorps monoclonaux

Les anticorps monoclonaux ont été conçus en laboratoire de façon à reconnaître des marqueurs protéiques particuliers présents à la surface de certaines cellules cancéreuses et à s’y fixer. Ils poussent ensuite le système immunitaire à attaquer et à détruire les cellules auxquelles ils sont fixés.

Les anticorps monoclonaux peuvent être associés à la chimiothérapie ou à d’autres médicaments ciblés. On peut y avoir recours comme traitement de première intention si le cancer réapparaît après son traitement (LLC en rechute) ou si le cancer n’a pas répondu au traitement (LLC réfractaire).

Le rituximab (Rituxan et médicaments biosimilaires) cible la protéine CD20 présente à la surface des lymphocytes B. C’est l’un des principaux anticorps monoclonaux employés pour traiter la LLC, soit comme traitement de première intention, soit dans le cadre du traitement d’une LLC en rechute ou réfractaire. On administre le rituximab par une aiguille insérée dans une veine (voie intraveineuse).

L’obinutuzumab (Gazyva) cible la protéine CD20 présente à la surface des lymphocytes B. On associe souvent cet anticorps monoclonal à un agent chimiothérapeutique appelé chlorambucil (Leukeran) comme traitement de première intention de la LLC chez les personnes âgées qui ont d’autres problèmes de santé. On peut aussi l’associer à un autre médicament ciblé appelé vénétoclax (Venclexta). On administre l’obinutuzumab par une aiguille insérée dans une veine (voie intraveineuse).

Effets secondaires des anticorps monoclonaux

Le rituximab et l’obinutuzumab peuvent causer les effets secondaires suivants :

Inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (TKB)

Les inhibiteurs de la tyrosine kinase de Bruton (TKB) sont un type d’inhibiteur de la tyrosine kinase. La tyrosine kinase est une composante de la protéine qui agit comme l’interrupteur marche-arrêt d’une cellule. C’est une enzyme qui joue un rôle important dans la croissance et la division des cellules. Les inhibiteurs de la tyrosine kinase empêchent ces enzymes d’envoyer des signaux qui indiquent à la cellule cancéreuse de croître.

Les inhibiteurs de la TKB peuvent être employés seuls ou associés à la chimiothérapie ou à d’autres médicaments ciblés. On peut les administrer comme traitement de première intention ou pour une LLC en rechute ou réfractaire. On considère que les inhibiteurs de la TKB constituent un traitement prolongé, ce qui signifie que vous prenez ces médicaments jusqu’à ce que la LLC n’y réponde plus ou que vous deviez cesser de les prendre à cause des effets secondaires. Ce sont des gélules ou des comprimés pris par la bouche. Vous n’avez pas besoin non plus de vous rendre fréquemment à la clinique pour un suivi quand vous prenez ces médicaments.

L’ibrutinib (Imbruvica) est un inhibiteur de la TKB auquel on a souvent recours pour traiter la LLC porteuse de la délétion du chromosome 17p, d’une mutation du gène TP53 ou d’un gène IGHV non muté.

L’acalabrutinib (Calquence) est un inhibiteur de la TKB auquel on pourrait aussi avoir recours pour traiter la LLC porteuse de la délétion du chromosome 17p, d’une mutation du gène TP53 ou d’un gène IGHV non muté. Il est possible que l’acalabrutinib ne soit pas couvert par certains régimes d’assurance-maladie provinciaux ou territoriaux.

Le zanubrutinib (Brukinsa) est un inhibiteur de la TKB qu’on pourrait administrer comme traitement de la LLC. Il est possible que le zanubrutinib ne soit pas couvert par certains régimes d’assurance-maladie provinciaux ou territoriaux.

Effets secondaires des inhibiteurs de la TKB

L’ibrutinib, l’acalabrutinib et le zanubrutinib peuvent causer ces effets secondaires :

Inhibiteurs de BCL-2

La BCL-2 est une protéine présente à la surface des cellules de la LLC qui les aide à survivre. Les inhibiteurs de BCL-2 ciblent cette protéine pour l’empêcher d’agir, faisant en sorte que les cellules de la LLC meurent plus rapidement.

Le vénétoclax (Venclexta) est un inhibiteur de BCL-2 qu’on peut employer seul ou associé au rituximab ou à l’obinutuzumab pour traiter la LLC. On peut l’administrer comme traitement de première intention ou pour une LLC en rechute ou réfractaire. Le vénétoclax est un comprimé pris par la bouche. Si on administre seulement le vénétoclax, vous recevrez ce traitement tant et aussi longtemps qu’il sera efficace ou jusqu’à ce que vous éprouviez des effets secondaires que vous ne pouvez pas prendre en charge (traitement prolongé). S’il est associé à l’obinutuzumab, le traitement durera un an (traitement à durée limitée). S’il est associé au rituximab, le traitement durera deux ans.

Effets secondaires des inhibiteurs de BCL-2

Le vénétoclax engendre un plus grand risque de syndrome de lyse tumorale. Boire beaucoup d’eau pour rester hydraté aidera à diminuer ce risque. On vous surveillera étroitement en faisant souvent des analyses sanguines et en planifiant chaque semaine une rencontre avec votre médecin. Afin d’aider à prévenir le syndrome de lyse tumorale, on commence par administrer le vénétoclax à faible dose avant de l’augmenter graduellement jusqu’à ce vous receviez la dose nécessaire, et ce, sans danger. C’est ce qu’on appelle un dosage progressif.

Le vénétoclax peut causer ces effets secondaires :

Apprenez-en davantage sur le traitement ciblé

Apprenez-en davantage sur le traitement ciblé. Afin de prendre les bonnes décisions pour vous, posez des questions sur le traitement ciblé à votre équipe de soins.

Les renseignements sur des médicaments spécifiques changent régulièrement. Apprenez-en davantage sur les sources d’information sur les médicaments ainsi que sur les sites où vous pouvez obtenir des renseignements sur des médicaments spécifiques.

Révision par les experts et références

  • Versha Banerji, MD, FRCPC
  • Guideline Resource Unit. Chronic Lymphocytic Leukemia. Version 8 ed. Edmonton: Alberta Health Services; 2023: https://www.albertahealthservices.ca/.
  • American Cancer Society . Treating Chronic Lymphocytic Leukemia . 2018 : https://www.cancer.org/.
  • The Canadian Agency for Drugs and Technologies in Health. CADTH Reimbursement Review Provisional Funding Algorithm Chronic Lymphocytic Leukemia. 2021: https://cadth.ca/.
  • Chronic Lymphocytic Leukemia Clinic. Practice Guideline: Disease Management Consensus Recommendations for the Management of Chronic Lymphocytic Leukemia. Winnipeg, MB: CancerCare Manitoba; 2015.
  • Wierda WG, O'Brien SM. Chronic lymphocytic leukemias. DeVita VT Jr., Lawrence TS, Rosenberg SA, eds. DeVita, Hellman, and Rosenberg's Cancer: Principles & Practice of Oncology. 11th ed. Philadelphia, PA: Wolters Kluwer; 2019: Kindle version, ch 105, https://read.amazon.ca/?asin=B0777JYQQC&language=en-CA.
  • Muhsin Chisti M. Medscape Reference: Chronic Lymphocytic Leukemia (CLL) Treatment and Management. WebMD LLC; 2020: https://www.medscape.com/.
  • PDQ® Adult Treatment Editorial Board. Chronic Lymphocytic Leukemia Treatment (PDQ®) – Health Professional Version. Bethesda, MD: National Cancer Institute; 2021: https://www.cancer.gov/.
  • National Comprehensive Cancer Network . NCCN Clinical Practice Guidelines in Oncology: Chronic Lymphocytic Leukemia/Small Lymphocytic Lymphoma (Version 2.2022) . 2022 .
  • Owen C, Banerji V, Johnson N, et al. Canadian evidence-based guideline for frontline treatment of chronic lymphocytic leukemia: 2022 update. Leukemia Research. 2023: 125:107016.
  • Owen C, Eisinga S, Banerji V, et al. Canadian evidence-based guideline for treatment of relapsed/refractory chronic lymphocytic leukemia. Leukemia Research. 2023: 133:107372.

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